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LA FERME FERNAND LÉGER

A la frontière du Calvados et de l’Orne, dans un vallon isolé plein sud situé sur la commune de Lisores, la Bougonnière est un endroit unique. Un océan de prairies, une rivière ombragée, une nature vivace et surtout une histoire…

Marcher dans les pas de Fernand est une expérience unique. L’équipe de passionnés qui a participé aux travaux de restauration est à jamais imprégné. Jean du Chatenet, expert du Comité Léger et conservateur des lieux, témoigne :

« Je me rends compte à présent combien nos travaux furent initiatiques : Déterrer les racines, ramasser les silex, tailler les houx, nettoyer les colombages, bruler les troncs d’arbres, observer le vallonnement, les peupliers, les fleurs… Et devant la maison frôler le tilleul fétiche de Fernand Léger comme lui-même le touchait tous les matins avant de réaliser ces gouaches préparatoires à tant de chefs d’œuvres d’avant-garde (cette anecdote est rapportée par Blaise Cendrars).

Chacun de nos gestes n’était que la répétition de ceux que Fernand Léger avait faits avant nous, chacun de nos regards allait dans la même direction, se posait sur les mêmes choses. Entrer dans Lisores, c’est entrer dans le cœur de Fernand Léger, comprendre son efficace et physique simplicité.

Toute son œuvre découle d'ici. Pour moi, c'est fondamental, c'est principal. Il y a la grande mosaïque (sur la façade d'un bâtiment), la chapelle (dont les vitraux ont été réalisés par l'artiste), les colombages qu'on retrouve partout dans sa peinture, la nature, la végétation, c'est primordial. Cette ferme, c'est la base. Quand on aime la peinture de Léger, on est obligé de passer par ici. »

Lisores, le laboratoire où tout commence

Lisores, le laboratoire où tout commence

Lisores, le laboratoire où tout commence

Lisores, le laboratoire où tout commence

Le bocage normand est habité par Fernand Léger. Une large part de son inspiration y est attachée, un vocabulaire tout à fait singulier où fleurs, racines, herbes et ciels inimitables, qu’ils soient gris ou bleus, ne cessent de se retrouver dans son œuvre et de nous enseigner la force de ses racines normandes.

Plus qu’un atelier, Lisores fut pour Léger un laboratoire.
Ce fut là que Léger venait se ressourcer. Il y travailla durant toute sa vie.

La lenteur et la tranquillité de Lisores apaisait l’homme et l’artiste et dans ce contraste entre la monumentalité de son œuvre, sa force et sa démesure que se situe la clé de voûte de l’esthétique de Fernand Léger : entre Paris, sa modernité mécanique et industrielle et son mouvement perpétuel et Lisores, vallon rural et isolé plongé dans le silence, une alchimie naissait dont une grande partie de son œuvre porte l’empreinte.

Une sieste bien méritée… Fernand porte la chemise de bucheron canadien offerte par son ami Alexandre Calder.

L’anecdote de la grande poubelle…pas si anecdotique !

L’anecdote de la grande poubelle…pas si anecdotique !

L’anecdote de la grande poubelle…pas si anecdotique !

L’anecdote de la grande poubelle…pas si anecdotique !

C’est dans cette maison paysanne à son échelle dont il hérita de sa mère en 1922, à peine fonctionnelle, sans eau courante, avec son seul grand âtre, sa table de travail posée juste devant afin que personne ne passe derrière pendant qu’il travaillait, avec une grande poubelle qui barrait bien le passage, que Fernand, immense travailleur, est devenu le « paysan de l’avant-garde ».

Il faut bien en comprendre l’importance de la fameuse grande poubelle que l’on retrouve sur toutes les photos d’archives. Après avoir brulé son atelier en 1909 pour marquer sa rupture avec le post impressionnisme, il avait gardé l’habitude d’avoir à côté de lui une grande poubelle dans laquelle il jetait ses brouillons.

Ainsi, toutes ces œuvres sur papier parvenues à nous aujourd’hui, ont échappé à la grande poubelle. Si Fernand ne les a pas détruites, c’est soit parce qu’elles contenaient des éléments susceptibles d’être réutilisés dans de futures compositions soit qu’il les considérait comme des études que l’on qualifiera d’abouties, œuvres à part entière en fait, représentent plus qu’une étude : un état.

Ce sont ces dernières que Fernand Léger avait un peu trop facilement tendance à donner à ses amis de passage ou à vendre à petit prix, pour faire plaisir.

L’atelier à Lisores et la grande poubelle en bas à gauche. Patrice Samson, petit-fils des fermiers de Fernand Léger et qui a conservé un exemplaire du bail que ses grands-parents avaient signé avec le peintre, raconte qu’enfant il venait avec son père s’y servir pour boucher les trous des fenêtres…

(Archives photographiques du Comité Léger)

Le rendez-vous des amis

Le rendez-vous des amis

Le rendez-vous des amis

Le rendez-vous des amis

Fernand avait l’amitié fidèle. C’est tout naturellement qu’il a partagé Lisores avec tous ses amis dans une généreuse simplicité. La liste est longue : Brancusi, Blaise Cendrars, Darius Millau, Robert Desnos, Louis Aragon, Jacques Prévert, Le Corbusier, Charlotte Perriand, mais aussi toute une bande de joyeux drilles comme les frères Fratellini ou encore les 3 frères Marcellos, célèbres équilibristes du Cirque d’Hiver.

C’était une véritable Arche de Noé, avec une multitude d’animaux… et notamment Bibi, le petit singe capucin de Jeanne…

Pour l’ambiance, une bonne blague rapportée par Fernand :

Un repas d’un dimanche d’été 54 : Blaise Cendrars, Nadia et Fernand Léger

La ferme Musée Fernand Léger

La ferme Musée Fernand Léger

La ferme Musée Fernand Léger

La ferme Musée Fernand Léger

En 1946, Daniel Wallard relate sa surprise du peu de confort des lieux dont Fernand s’accommode parfaitement : « La ferme était toute petite avec un grenier aménagé sous le toit d’ardoises, l’accès était difficile pour une voiture, la barrière métallique ouverte, il fallait descendre à travers les prés, jusqu’à la maison, par un sentier sinueux et raviné par les pluies. Cette petite maison normande manquait de confort, l’eau qui était mal distribuée, était l’eau d’une citerne et il fallait la ménager., il n’y avait pas le téléphone, la cuisine se faisait à butane ou dans la cheminée au feu de bois. Léger s’en foutait, me disait sa femme (Jeanne), mais il y avait plein de formes merveilleuses sur un mur blanchi à la chaux, je les vois encore. On oubliait tout le reste… »

En 1946, Daniel Wallard relate sa surprise du peu de confort des lieux dont Fernand s’accommode parfaitement :

« La ferme était toute petite avec un grenier aménagé sous le toit d’ardoises, l’accès était difficile pour une voiture, la barrière métallique ouverte, il fallait descendre à travers les prés, jusqu’à la maison, par un sentier sinueux et raviné par les pluies. Cette petite maison normande manquait de confort, l’eau qui était mal distribuée, était l’eau d’une citerne et il fallait la ménager., il n'y avait pas le téléphone, la cuisine se faisait à butane ou dans la cheminée au feu de bois. Léger s’en foutait, me disait sa femme (Jeanne), mais il y avait plein de formes merveilleuses sur un mur blanchi à la chaux, je les vois encore. On oubliait tout le reste… »

Après la mort de Fernand Léger, Nadia rendit la maison plus confortable… Elle y fit installer une salle de bain aménagée sur les conseils de Le Corbusier (qui n’est pas sans rappeler celle de Poissy) et une cuisine dont le mobilier avait été dessiné par une certaine Charlotte Perriand…

Le 4 février 1969 André Malraux inaugure le Musée National Fernand Léger de Biot, entièrement financé sur fond propres par Nadia Léger et offert à la France avec son incroyable collection de chefs d’œuvres.

Ce premier devoir accompli, l’infatigable Nadia peut désormais se consacrer à Lisores pour en faire un petit musée. Elle met un terme aux activités agricoles et se lance dans les travaux de la « Ferme-Musée ». Et il y a beaucoup à faire à en croire Daniel Wallard ! Créer une sinueuse route d’accès goudronnée, un grand parking où les autocars puissent faire demi-tour et transformer les bâtiments.

Nadia Léger et Georges Bauquier, le jour de l’inauguration de la Ferme Musée le xx septembre 1970

La ferme demeure la maison d’habitation ; l’ancien atelier d’été devient la maison des gardiens ; la grange est convertie en musée et la bouillerie-four à pain en chapelle selon la volonté expresse de Léger.

Sur la mur pignon du musée se trouve l’emblématique mosaïque « Le fermière et la vache ». La voir pour la première fois au milieu des herbages demeure une expérience inoubliable.

Cette mosaïque de pâte de verre et de morceaux marbre sur une surface de 45 m² a été réalisée par les époux Melano à partir d’une gouache que Fernand avait offerte à Maurice Thorez.

Marc conduisant Nora, la percheronne véritable gardienne des lieux

La ferme demeure la maison d’habitation ; l’ancien atelier d’été devient la maison des gardiens ; la grange est convertie en musée et la bouillerie-four à pain en chapelle selon la volonté expresse de Léger.

Sur la mur pignon du musée se trouve l’emblématique mosaïque « Le fermière et la vache ». La voir pour la première fois au milieu des herbages demeure une expérience inoubliable.

Cette mosaïque de pâte de verre et de morceaux marbre sur une surface de 45 m² a été réalisée par les époux Melano à partir d’une gouache que Fernand avait offerte à Maurice Thorez.